La mer se déchaîne remuant herbiers de posidonies, castagnoles, bateaux et plongeurs.
Et après la tempête revient le calme, et on peut observer ce que la mer nous a laissé.
Parfois elle a beaucoup emporté, comme cette année où elle a dévoilé ce qui se cachait sous le sable, pas de trésor, pas de pavé, juste le granite à l’état presque brut qui s’érode avec le temps et redonne du sable, arène granitique, qui ne comble pas ce que la mer a pris.
On dit que la plage est dégraissée, et il est bon que la mer reste un peu calme pour qu’elle puisse engraisser de nouveau pour le plaisir de tous les adeptes du sable fin, des parasols et des yeux de Ste Lucie …
La laisse de mer est donc ce que la mer ramène, dépose, et éventuellement reprend.
On trouve des objets que l’on qualifiera de naturels, tel le bois flotté qui fait le plaisir des adeptes de « Déco », ou la posidonie, vous savez ce que vous sentez de loin en disant « oh, ça ne sent pas bon toutes ces algues ».
Commencez déjà par les appeler des plantes, ça leur fera plaisir, on ne sait jamais avec ces petites choses.
Les posidonies, considérées comme les poumons de la mer, sont les rares plantes à fleurs aquatiques, vous allez me dire « où sont les fleurs ? ». Les fleurs ne sont visibles qu’en automne, et pas toutes les années. Après la fécondation, elles vont donner des fruits qui ressemblent à des petites olives. Ils vont se détacher de la plante et flotter, jusqu’à qu’ils s’ouvrent et laissent échapper la graine qui va couler et
germer sur le fond sablonneux (mai – juillet).
Ce que l’on trouve sur les plages, ce ne sont pas des feuilles arrachées par la mer mais tout simplement les feuilles mortes, leur durée de vie étant de 6 à 9 mois. Parfois elles forment des boulettes (pelotes de mer), en effet, les feuilles hachées menues par les vagues et roulées par les courants s’échouent sur la plage pour le plus grand plaisir des curieux qui leur inventent toutes sortes d’origine.
Les feuilles quant à elle, posées sur le sable, dérangent certains utilisateurs de la plage, alors les municipalités font venir de grandes machines qui font du bruit pour enlever ces tas immondes qui sentent mauvais, et qui pourtant protègent nos plages. En effet, les feuilles vont fixer le sol et protéger le littoral de l’érosion provoquée par les vagues.
La posidonie se trouve de 0 à 40m de profondeur, ces feuilles peuvent faire jusqu’à 1m de long. Elles ne poussent que de 3 cm par an, comptez le nombre d’années qu’il faudrait pour qu’elles reconstituent les herbiers détruits par nos constructions portuaires (oui, ça fait beaucoup, beaucoup d’années !!) On trouve également des boules vertes, ce sont des algues, appelées Codium, qui a une forme de boule et qui quand elle est arrachée de son substrat peut aussi atterrir sur nos plages, si on les soulève elles sont en général remplies d’eau (attention aux petits farceurs !!).
Nombre sont les coquillages qui sont ramenés sur les rives, ainsi commence la chasse à l’oeil de Ste Lucie, opercule du Rugosa, recherché pour son côté esthétique et aussi parce qu’il porte bonheur. Mais il y a aussi les grains de café, les os de seiche (qui servent aux bijoutiers pour faire des moulages, essayez avec un bijou ou autre objet ayant un petit motif, appliquez le fortement et … surprise le motif apparaîtra en négatif avec une précision exceptionnelle, vous pouvez faire un premier essai avec une pièce de monnaie), éventuellement des tests d’oursins, des cérithes ….
On peut aussi tomber (sans trop se faire mal) sur des galettes toutes noires, attention, ce sont des reliquats de pétrole, ça tâche (parait que ça par bien avec du détergent, d’autres sont adeptes du beurre, moi j’y ai laissé une polaire, donc ça marche pas forcément !!). Fort heureusement, les plages corses ne sont pas trop polluées par ces boulettes, mais faites tout de même attention ce n’est pas très agréable.
Nous ne sommes plus évidemment dans les produits dits naturels de la laisse de mer. La pollution des plages prend toutes les formes, paquets de cigarettes, mégots, restes alimentaires (barbecue !), canettes, bouteilles en verre (ça fait mal aux pieds les débris !). 90 % des déchets trouvés en mer proviennent des terres, pas que de la plage, nos poubelles mal fermées contribuent aussi à tout ce gâchis, sans compter tout ce qui est jeté des voitures. Le vent fait le reste, malheureusement, pour tous les habitants de la mer qui se voient contraint à un régime alimentaire qui parfois leur est fatal !
On entend parler de macrodéchets, d’un point de vue environnemental, un produit est dit biodégradable quand il est dégradé en moins d’une année. Les emballages plastiques issus de l’industrie pétrochimique représentent le pourcentage le plus élevé des macrodéchets et sont non biodégradables.
Donc, bonne baignade à tous, j’espère que vous regarderez les objets laissés sur la plage avec un autre oeil
… de Ste Lucie.
LIENS UTILES
http://www.pointeducapcorse.org/PDC_images/CapCorse12.pdf
http://csbbron.free.fr/ficheposidonies.htm