Algue Barbapapa, Barbe de Thanatos, algues envahissantes, qui êtes-vous ?
Dès le printemps, ces macroalgues se développent. On parle de macroalgues non du fait de la superficie qu’elles parviennent à envahir mais parce qu’elles sont grandes. Il s’agit de plusieurs algues qui envahissent le milieu. N’ayant pas de microscope sous l’eau, nous les mettons toutes dans le même panier. L’accumulation de ces macroalgues engendre une gêne visuelle et un questionnement légitime sur les conséquences de leur présence dans l’environnement marin.
Il ne s’agit pas d’une algue mais d’un ensemble d’algues dont la plupart sont indigènes de Méditerranée (non introduites). Trois espèces sont plus particulièrement citées : Nematochrysopsis marina, Chrysonephros lewisii, Acinetospora crinita. Les deux premières espèces se développent durant le printemps jusqu’à 20m alors que Acinetospora crinita va se développer à de plus grandes profondeurs. En juillet, quand les algues sont à leur maximum de développement, Chrysonephros lewisii est la principale algue présente. On parle de « bloom »
pour qualifier le développement rapide de l’algue.
Les facteurs de déclenchement du bloom sont énigmatiques et sont sujets à discussion. Mais il semblerait que trois facteurs soient déterminants pour leur développement : la lumière, la disponibilité en nutriments (quantité de phosphates et matières azotées), et la température. Depuis les années 80-90, on observe leur développement sur les fonds rocheux et coralligènes mais également sur d’autres végétaux (autres macroalgues et Posidonies) et sur les gorgones. Ces algues peuvent flotter dans un premier temps puis vont se développer à une très grande vitesse. Elles sont capables d’une croissance si rapide que les consommateurs (herbivores) ne sont pas à même d’enrayer leur prolifération. Les effets sur le reste du peuplement sont inégaux d’une année sur l’autre. Ainsi en 2003 (année à anomalie thermique estivale importante), on a pu observer des conséquences sur plusieurs espèces d’éponges, sur les scléractiniaires (coraux durs) et algues calcaires (blanchissement). Elles n’étouffent pas le substrat mais vont gêner le passage de la lumière (entrave à la photosynthèse) ou la filtration des aliments. Les effets de ces algues sont particulièrement importants sur les peuplements dressés, type gorgones. En effet, les gorgones sont des colonies d’animaux arborescentes qui grandissent perpendiculairement au courant pour mieux s’alimenter en plancton mais du même coup vont plus facilement être envahies par ces algues filamenteuses qu’elles « piègent ».
Compte tenu de leurs préférences de milieu de vie, on peut penser que, Acinetospora crinita coloniserait Paramuricea clavata (gorgone rouge) alors que les deux autres algues affecteraient Eunicella singularis (gorgone blanche) et Eunicella cavolinii (gorgone jaune) qui sont dans des profondeurs moins importantes. Une gorgone un peu fragile peut voir son déclin arriver plus vite du fait d’un recouvrement par l’algue, mais on ne peut pas nécessairement imputer à cette algue la responsabilité directe de la disparition de la dite gorgone. Il est même envisageable que la fragilisation de la gorgone permette l’installation de l’algue.
A l’heure actuelle, on ne peut malheureusement rien faire, sauf espérer que la température descende, ou qu’un coup de vent amène des courants défavorables (dispersion des algues) et modifie ainsi les caractéristiques physiques de l’environnement provoquant leur régression sur nos sites.
Bibliographie Internet
http://www.ulysseclub.com/spip.php?article71
http://www.naturamediterraneo.com/forum/topic.asp?TOPIC_ID=67405
Les activités concernant l’impact des changements climatiques sur la biodiversité marine et côtière en Méditerranée (pdf)
http://www.peaubleue.org/data_folio/data_kcfinder/files/EcrinBleu9.pdf
Les proliférations et invasions de macrophytes marins (pdf)
http://www.algaebase.org/search/species/detail/?species_id=45592
http://inpn.mnhn.fr/espece/cd_nom/651035
http://globalspecies.org/ntaxa/37967
http://planktonnet.awi.de/index.php?contenttype=image_details&itemid=57821#content
http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16289295